“A l’image de ma mémoire dénuée de linéarité, et au gré de mes immixtions fréquentes dans des espaces géographiques et musicaux différents et variés, ma relation avec « Al oud » reste une relation mentalement et affectivement vitale.

Cette relation n’a jamais été empreinte d’évidence. Je la qualifierais volontiers de «parallèle» car elle m’a toujours surpris par sa “présence/absence” et continue sans cesse de m’émouvoir…

Cet instrument très «vocal» dans sa sonorité, très charnel dans son «étreinte», ne me laisse pas indifférent, il me donne cette douce et paradoxale impression à la fois d’une « continuité » de mon corps et de mon être mais aussi d’une «altérité» qui s’en détache à la limite de l’incarnation…

Nul autre instrument ne me procure une telle sensation. Sa voix, me « raconte » incessamment des histoires tantôt marquées du sceau de la joie ou de la tristesse, tantôt évoquant des sensations et expressions plus floues… Mais toujours intenses.

Cet instrument a constamment exprimé et libéré mes émotions les plus enfouies, parfois mieux que les mots… Je l’ai chargé de raconter l’histoire de mon voyage et de mes rencontres… Il était, et demeure encore, au cœur de mes projets artistiques”

Biographie

Pour cet artiste l’intérêt et l’apprentissage du luth a débuté dans sa Tunisie natale (à Kélibia précisément) auprès de maîtres qui l’ont initié au monde du “Maqam“, fondement de la musique orientale au sens le plus large (Héritage égyptien, irakien, turc, arménien…).

Sa culture musicale a été forgée à l’écoute des frères Munir Bashir et Jamil Bashir, Ali Sriti, Farid Ghosn, Anouar Brahem, Saliha, Manolo Sanlucar, Paco De Lucia, Sabicas, Nass ElGhiwan et bien d’autres… Depuis, il cherche sans cesse à développer une vision artistique personnelle lui permettant d’abolir les frontières.

Sa réflexion porte essentiellement sur les musiques improvisées et la signification des traditions aujourd’hui.

En quête d’un véritable métissage musical, Il développe à l’heure actuelle un univers qui se nourrit des influences du flamenco, des musiques de l’Europe de l’est, du jazz, des musiques contemporaines…

Son éclectisme le conduit irrésistiblement à explorer les liens subtiles reliant musique, théâtre, poésie et cinéma. Il est invité comme compositeur à collaborer à des projets musicaux et théâtraux autour « des milles et une nuits » avec le metteur en scène Anglais Tim Supple en France et en Egypte. 

Il est également invité à composer la musique du spectacle de la comédienne Faiza Kaddour « Femmes et une Nuit ». 

Il rencontre dans le cadre du projet « Alkamanjati » des comédiens majeurs comme le norvégien Björn Sundquist ou le palestinien Mohamed Bakri, Il initie plusieurs créations autour ou avec de nombreux poètes comme Pilar Gonzalez España (Espagne), Mahmoud Darwish (Palestine), Al-Hallej, Ibn Al-faredh, Tarek Essaker (Tunisie)…

Il s’intéresse également à la musique de films et signe une composition musicale pour “le bonheur” d’Alexandre Medvidkine,

Ou encore à composer la bande originale du film “le tombeau des amants” et la jouer à l’auditorium du Louvre.

Il est également partie prenante dans le projet « Alkamandjati », au côtés du compositeur Ramzi Aburedwan, autour du film de Marco Dinoi joué dans plusieurs pays, notamment à l’Auditorium de Rome en Italie…

Cette expérience a été enrichie depuis par plusieurs autres courts métrage et films …

Il est membre fondateur ou co-fondateur de plusieurs collectifs musicaux tel que le groupe Diwanimi qui explore les passerelles entre jazz et maqam, et il est membre du l’ensemble Dal’ouna aux côté du compositeur palestinien Ramzi Aburedwan. Il explore actuellement en musique la poésie du poète Tarek Essaker dont il a traduit l’un des récit poétique phare : les cheminants.